MacroCosmos juillet-août 2025
L es observations de Webb sur ce que l’on pense être le premier engloutissement planétaire jamais enregistré ont révélé un disque d’accrétion chaud entourant l’étoile, avec un nuage de poussière plus froide en expansion enveloppant la scène. Webb a également révélé que l’étoile n’avait pas gon- flé au point d’engloutir la planète, mais que son orbite s’était lentement dégradée au fil du temps. Cette illustration montre la séquence d’événements qui s’est déroulée sur des millions d’années, d’après les observations du MIRI et du NIRSpec de Webb. Panneau 1 : la planète avait environ la taille de Jupiter et orbitait très près de l’étoile, encore plus près que Mercure ne l’est du Soleil. Panneau 2 : l’orbite s’est progressivement rétrécie (ou dégradée) au fil du temps et la planète s’est rapprochée de l’étoile. Elle a fini par effleurer l’atmosphère de l’étoile. En tombant, la planète s’est dispersée autour de l’étoile. Panneau 3 : la planète a été complètement engloutie par l’étoile et a expulsé du gaz des couches externes de l’étoile. Panneau 4 : à mesure que ce gaz s’est dilaté et refroidi, les éléments lourds qu’il contenait se sont condensés en poussière froide dans l’année suivante. Plus près de l’étoile se trouve un disque circumstellaire chaud de gaz moléculaire. [NASA, ESA, CSA, Ralf Crawford (STScI)] JUILLET-AOÛT 2025 « En tombant, la planète a com- mencé à se désagréger autour de l’étoile. » Lors de sa chute finale, la planète aurait expulsé du gaz des couches externes de l’étoile. En se dilatant et en refroidissant, les élé- ments lourds de ce gaz se sont condensés en poussière froide du- rant l’année suivante. Alors que les chercheurs s’atten- daient à un nuage de poussière plus froide en expansion autour de l’étoile, une observation avec le puissant NIRSpec a révélé un disque circumstellaire chaud et plus proche de gaz moléculaire. La haute résolu- tion spectrale de Webb a également détecté certaines molécules dans ce disque d’accrétion, y compris le mo- noxyde de carbone. « Avec un téles- cope aussi innovant que Webb, il était difficile pour moi d’anticiper ce que nous découvririons à proximité immédiate de l’étoile » , a déclaré Colette Salyk, chercheuse en exopla- nètes au Vassar College de Pough- keepsie (New York), co-auteure de l’article scientifique. « Je dois dire que je ne m’attendais pas à voir ce qui ressemble à une région de for- mation planétaire, même si aucune planète ne s’y forme après une plon- gée. » La capacité à caractériser ce gaz ouvre de nouvelles questions aux chercheurs sur ce qui s’est réel- lement passé une fois que la planète a été complètement engloutie par l’étoile. « C’est vraiment le summum de l’étude de ces événements. C’est le seul que nous ayons vu en action, et c’est le meilleur aperçu des consé- quences après le retour au calme » , a conclu Lau. « Espérons que ce ne soit que le début de notre échan- tillon. » Ces observations, réalisées dans le cadre du programme Gua- ranteed Time Observation 1240, spé- cialement conçu pour étudier une série de mystérieux événements sou- dains d’éclaircissement infrarouge, ont été parmi les premiers pro- grammes Target of Opportunity menés par Webb. Ces études sont ré- servées aux événements, tels que les explosions de supernovas, dont on prévoit qu’ils se produiront, mais dont les chercheurs ignorent préci- sément la date et le lieu. Les télescopes spatiaux de la NASA font partie d’un réseau international en pleine expansion, prêt à observer ces changements fugaces pour nous aider à comprendre le fonctionne- ment de l’Univers. Les chercheurs prévoient d’élargir leur échantillon et d’identifier de futurs événements comme celui-ci grâce à l’observa- toire Vera C. Rubin et au télescope spatial Nancy Grace Roman, qui scru- teront de manière répétée de vastes zones du ciel afin de détecter les changements au fil du temps. !
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