MacroCosmos juillet-août 2025
25 JUILLET-AOÛT 2025 ASTRO PUBLISHING sière représenté en orange. Une de ces étoiles, qui était autrefois plu- sieurs fois plus massive que notre So- leil, a joué un rôle majeur dans la formation de cette scène. « Au cours de son évolution, elle a gonflé, ex- pulsant des couches de gaz et de poussière dans un vent stellaire très lent et dense » , a expliqué David Jones, chercheur principal à l’Insti- tuto de Astrofísica de Canarias, qui a démontré l’existence d’un système d’étoiles binaires au centre de la né- buleuse en 2017. Une fois que les couches externes de l’étoile ont été expulsées, seul le noyau chaud et compact est resté. Comme naine blanche, ses vents se sont accélérés et affaiblis, ce qui pourrait avoir entraîné de la matière dans de fines coquilles. Les observations de Webb montrent que la nébuleuse est inclinée de 60 degrés, ce qui donne l’impression qu’elle verse du liquide dans une ca- nette, mais il est beaucoup plus pro- bable que NGC 1514 ait la forme d’un sablier aux extrémités coupées. Re- cherchez les signes de sa taille étroite en haut à gauche et en bas à droite, où la poussière est orange et se dé- forme en forme de V peu profonde. Comment expliquer ces contours ? « Lorsque l’étoile était au plus fort de sa perte de matière, son compa- gnon a pu s’approcher très près » , a expliqué Jones. « Cette interaction peut donner naissance à des formes inattendues. Au lieu de produire une sphère, cette interaction pourrait avoir formé les anneaux. » Bien que le contour de NGC 1514 soit plus net, le sablier présente égale- ment des « côtés » qui participent à sa forme tridimensionnelle. Observez les nuages orange translucides et pâles entre ses anneaux, qui donnent son corps à la nébuleuse. Les deux anneaux de la nébuleuse sont inéga- lement éclairés lors des observations de Webb, apparaissant plus diffus en bas à gauche et en haut à droite. Ils apparaissent aussi flous ou avec une texture particulière. « Nous pensons que les anneaux sont principale- ment constitués de très petits grains de poussière » , a déclaré Ressler. « Lorsque ces grains sont frappés par la lumière ultraviolette de la naine blanche, ils s’échauffent légère- ment, ce qui les rend suffisamment chauds pour que Webb les détecte dans l’infrarouge moyen. » En plus de la poussière, le télescope a également détecté de l’oxygène dans son centre rose grumeleux, no- tamment aux bords des bulles ou des trous. NGC 1514 se distingue par ailleurs par ses absences. Le carbone et ses versions plus complexes, des maté- riaux semblables à de la fumée ap- pelés hydrocarbures aromatiques polycycliques, sont courants dans les nébuleuses planétaires (enveloppes de gaz incandescent en expansion éjectées par les étoiles en fin de vie). Aucun de ces éléments n’a été dé- tecté dans NGC 1514. Des molécules plus complexes n’ont peut-être pas eu le temps de se former, car les or- bites des deux étoiles centrales ont mélangé la matière éjectée. Une composition plus simple signifie éga- lement que la lumière des deux étoiles voyage beaucoup plus loin, ce qui explique l’apparition de fai- bles anneaux nuageux. Qu’en est-il de l’étoile bleue brillante en bas à gauche, dont les pics de dif- fraction sont légèrement plus petits que ceux des étoiles centrales ? Elle ne fait pas partie de cette nébu- leuse ; elle est en réalité plus proche de nous. Cette nébuleuse planétaire est étudiée par les astronomes de- puis la fin du XVIII e siècle. L’astro- nome William Herschel a noté en 1790 que NGC 1514 était le premier objet du ciel profond à apparaître véritablement nuageux : il ne pou- vait pas séparer ce qu’il voyait en étoiles individuelles au sein d’un amas, comme d’autres objets catalo- gués par lui. Avec Webb, notre vision est considérablement plus claire. N GC 1514 est située dans la constellation du Taureau, à envi- ron 1500 années-lumière de la Terre. !
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