MacroCosmos mai-juin 2025
20 MAI-JUIN 2025 ASTRO PUBLISHING parents. Il est intéressant de noter où la lumière des étoiles est bloquée : recherchez les formes en V excep- tionnellement sombres et larges, dé- calées de 90 degrés par rapport aux cônes orange. Ces zones peuvent sembler dépourvues de matière, mais en réalité, c’est là que la pous- sière environnante est la plus dense et que la lumière des étoiles pénètre peu. Si vous regardez attentivement ces zones, vous remarquerez que la caméra proche infrarouge sensible de Webb (NIRCam) a détecté des étoiles lointaines sous forme de points orange atténués derrière cette poussière. Là où la vue est libre de toute poussière obscurcissante, les étoiles brillent de mille feux en blanc et en bleu. Certains jets et flux sortants des étoiles finissent par être tordus ou déformés. Pour trouver des exemples, regardez vers le bord supérieur droit où se trouve un arc orange proéminent. Il s’agit du front d’une onde de choc, où les éjections d’étoiles ont été ralenties par de la matière préexistante plus dense. Maintenant, regardez un peu plus bas, là où l’orange rencontre le rose. Ici, le matériau ressemble à un fouil- lis emmêlé. Tous ces détails nou- veaux et incroyablement précis que Webb a révélés nécessiteront une étude détaillée pour être expliqués. Passez à la moitié inférieure. Ici, le gaz et la poussière semblent plus épais. Zoomez pour repérer de mi- nuscules piliers violet clair. Ils poin- tent vers les vents incessants des étoiles centrales et se sont formés parce que la matière à l’intérieur d’eux est suffisamment dense pour n’avoir pas encore été balayée. L483 est trop grand pour rentrer dans un seul instantané de Webb, et cette image a entièrement capturé la partie supérieure et les écoulements, c’est pourquoi la partie inférieure n’est que partiellement représentée. Toutes les symétries et asymétries de ces nuages pourraient éventuelle- ment être expliquées à mesure que les chercheurs reconstruiront l’his- toire des éjections des étoiles, en ac- tualisant les modèles pour produire les mêmes effets. À terme, les astro- nomes calculeront également la quantité de matière expulsée par les étoiles, les molécules créées lors de la collision de la matière et la densité de chaque zone. Dans des millions d’années, lorsque les étoiles auront fini de se former, elles pourraient chacune avoir une masse équivalente à celle de notre Soleil. Leurs écoulements auront net- toyé la zone, éliminant ces éjections translucides. Il ne restera peut-être qu’un minuscule disque de gaz et de poussière où des planètes pourraient éventuellement se former. L483 doit son nom à l’astronome américaine Beverly T. Lynds, qui a pu- blié de vastes catalogues de nébu- leuses « sombres » et « brillantes » au Webb étonne par ses détails incroyables dans Lynds 483 par NASA/ESA/CSA − Claire Blome & Christine Pulliam revisé par Fran ç ois Blateyron L a lumière proche infrarouge capturée à haute résolution par le télescope spatial Webb révèle de nouveaux détails et structures ex- traordinaires dans Lynds 483 (L483). Deux étoiles en formation active sont responsables des brillantes éjec- tions de gaz et de poussière qui bril- lent en orange, bleu et violet sur cette image. Au cours de dizaines de milliers d’années, les protoétoiles centrales ont périodiquement ex- pulsé une partie de leur gaz et de leur poussière, les projetant sous la forme de jets étroits et rapides et de courants légèrement plus lents qui « voyagent » dans l’espace. Lorsque des éjections plus récentes frappent les plus anciennes, le matériel peut se froisser et tourner en fonction de la densité de ce qui entre en colli- sion. Au fil du temps, les réactions chimiques au sein de ces éjections et du nuage environnant ont produit une gamme de molécules, telles que le monoxyde de carbone, le métha- nol et de nombreux autres composés organiques. Les deux protoétoiles responsables de cette scène se trou- vent au centre de la forme en sablier, dans un disque horizontal opaque de gaz froid et de poussière qui rem- plit un seul pixel. Beaucoup plus loin, au-dessus et en dessous du disque aplati où la poussière est la plus fine, la lumière vive des étoiles brille à tra- vers le gaz et la poussière, formant de grands cônes orange semi-trans-
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